Nous avons décidé de nous interroger sur le rapport Nietzsche-Foucault et sur la place que Nietzsche occupe dans la réflexion de Foucault. Tout au long de ses recherches, Nietzsche est une présence indélébile dans la pensée de Foucault. Foucault lit Nietzsche et l’interroge à différentes reprises, lui pose des questions qui viennent d’autres interlocuteurs, le laisse agir dans son œuvre à différents niveaux pour chercher à poser ou à élaborer par lui des questions qui répondent aux soucis théoriques qui l’intéressent. Il y a « une expérience Nietzsche » qui à la fois traverse constamment et de fond en comble toutes ses réflexions et marque le style de son questionnement. Nietzsche est un événement aussi bien dans la pensée de Foucault que par rapport à ce que dans Le discours philosophique – que tu viens d’éditer avec Daniele Lorenzini – Foucault appelle l’« archive-discours ».Orazio Irrera : Oui, tu as tout à fait raison de remarquer le rôle décisif joué par Nietzsche, je dirais qu’on peut considérer sa présence comme à peu près constante chez Foucault à partir de la multiplicité d’effets que cette « expérience Nietzsche » a produit sur la pensée de Foucault à des moments différents et par rapport à toute une multiplicité d’objets ou de questions. Il y a, dirais-je, un « effet Nietzsche » qui à la fois jalonne l’itinéraire des recherches foucaldiennes et qui sous-tend toute une série d’opérations d’ordre conceptuel et historique dont, peut-être même à présent, on n’a pas encore fait complètement l’inventaire…